Suspicions

« Si elle veut vendre son corps, c’est son affaire. C’est elle qui l’a choisi… Mais en même temps je sens qu’elle ne va pas bien, que sa situation se dégrade. Que faire ? »

Benjamin, éducateur dans un service d’aide à la jeunesse

« Jamais de repos, ne jamais être qui je suis, toujours triste, en colère, déçue. J’ai du mal à me concentrer et je suis super nerveuse pour tout »

– Léa, victime

Dans le cadre d’une situation d’exploitation sexuelle, une jeune fille vous racontera peut-être certaines choses dont vous ne saurez pas quoi faire. En parler avec vos collègues ? Garder ces éléments pour vous ? Mais la jeune fille ne court-elle pas un danger réel pour sa santé psychique ou physique si vous n’interpellez pas les autorités compétentes ?

Secret professionnel

En tant que travailleur social, vous êtes soumis au secret professionnel. Mais celui-ci comprend des exceptions. Vous trouverez ci-dessous un petit résumé qui reprend les différents éléments à prendre en compte dans ce genre de dilemme. 

Dans tous les cas, soyez transparent avec la jeune fille, afin de ne pas rompre le lien de confiance qui est souvent déjà très fragile. Dites-lui les démarches que vous comptez entreprendre et pourquoi. 

Et ne restez pas seul avec ces questionnements : vous avez toujours la possibilité d’en parler de façon anonyme avec un conseiller de Child Focus grâce à la ligne d’urgence 116 000 ou à un centre d’accueil et d’accompagnement spécialisé. Ces services sont également soumis au secret professionnel.

A retenir:

=> Si un travailleur social dispose d’éléments indiquant qu’un mineur est victime d’exploitation sexuelle, il peut lever son secret professionnel.
=> S’il dispose d’éléments indiquant que le mineur est en péril grave, il doit lever son secret professionnel.

Comment ? En informant le Procureur du roi des faits en question.

Pour plus de détails juridiques concernant le secret professionnel, veuillez consulter le document suivant : 

Demander de l’aide à Child Focus

Child Focus est la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités. Elle dispose d’une ligne d’urgence, le 116 000, disponible 24h/24 et 7j/7.

La ligne 116 000 est également une ligne d’aide pour tous les problèmes de sécurité que les enfants et les jeunes peuvent rencontrer sur internet ou sur les réseaux sociaux.

En tant que professionnel, que vous fassiez face à une situation de fugue, une victime de proxénètes d’adolescents ou que vous vous inquiétez par rapport à l’usage des réseaux sociaux des jeunes, n’hésitez pas à contacter Child Focus. Il y aura toujours un conseiller qui vous proposera une écoute attentive, que votre demande soit urgente ou non. 

Par ailleurs, non seulement les professionnels, mais également les proches, les enfants et les jeunes eux-mêmes sont les bienvenus sur cette ligne d’aide.  

Emilie Coomans, conseillère à la ligne d’urgence chez Child Focus, vous explique plus précisément le rôle que Child Focus exerce dans les dossiers de victimes de proxénètes d’adolescents :

Demander de l’aide à un centre spécialisé pour victimes de traite des êtres humains

En Belgique, il existe 3 centres d’accueil et d’accompagnement spécialisés qui soutiennent les victimes de traite des êtres humains, qu’elles soient belges ou non belges, mineures ou majeures :

Pag-Asa à Bruxelles

Sürya en Wallonie

Payoke en Flandre

Pour rappel, les proxénètes d’adolescents sont coupables de traite des êtres humains. Comme nous l’avons vu dans le module 1, la traite peut prendre différentes formes.

Chaque centre offre conseil, information et soutien afin que les victimes puissent se remettre de l’exploitation et reprendre le contrôle de leur vie, libérée de la traite des êtres humains :

Dès qu’une personne peut être considérée comme une victime présumée de la traite sur la base d’indices, le service de police ou le service d’inspection sociale concerné doit informer la victime de la procédure « statut de victime de la traite ». Cette obligation s’applique également à tout autre service qui entre en contact avec des victimes présumées, comme l’Office des étrangers, le CGRA, …

Même si une victime ne se considère pas comme telle, elle doit être informée et orientée.

Les services de police et d’inspection sociale, les services sociaux, le magistrat, les fonctionnaires des douanes et accises, … orientent la victime, quel que soit son âge ou sa nationalité, vers un centre d’accueil spécialisé.

Pour obtenir de l’aide d’un centre spécialisé, rendez-vous sur www.stophumantrafficking.be

En cas d’urgence, vous pouvez les joindre 24/7 par téléphone au +32 78 055 800.