Souvenez-vous du morceau manquant, le « missing piece », dont nous avons parlé dans le premier module. Nous avions fait référence à l’idée qu’une personnalité complète, stable et bien développée peut être comparée à un cercle rond et complet. Une personnalité carencée serait celle dont il manquerait une (grande) partie de ce cercle; ce qui est le cas des jeunes filles qui sont la cible toute désignée du hawking des proxénètes d’adolescents. Et c’est justement cette partie manquante du cercle que ces proxénètes d’adolescents tentent de combler à l’aide de leurs techniques manipulatoires.
Child Focus a développé l’outil de prévention Girl Power Squad (GPS) pour tenter de combler cette carence en renforçant les jeunes filles, en les invitant à porter un regard positif et bienveillant sur elles-mêmes. Il s’agit en effet d’une ressource pédagogique pour les professionnels visant à armer les jeunes filles face au phénomène des proxénètes d’adolescents grâce à l’acquisition de différentes aptitudes sociales et émotionnelles.
L’outil GPS est composé de 5 modules, qui comprennent aussi bien des méthodologies en ligne qu’hors ligne, les 4 premiers travaillant uniquement sur les facteurs constructeurs sous-jacents, tels que les relations, la sexualité, l’image de soi et de son corps, les limites, la confiance, etc. Ce n’est qu’ à partir du 5ème module que la thématique des proxénètes d’adolescents est explicitement abordée.
L’outil est gratuit et s’adresse aux professionnels du secteur de l’aide à la jeunesse et peut être utilisé avec des jeunes filles dès l’âge de 11 ans.
Pour plus d’informations ou pour obtenir un identifiant permettant d’accéder à l’outil : training@childfocus.org
Child Focus propose également une formation sur la thématique des proxénètes d’adolescents et sur l’utilisation de l’outil GPS. Une demande peut être faite à la même adresse : training@childfocus.org
Ci-dessous un extrait d’une méthodologie proposée dans le manuel pédagogique hors ligne de l’outil GPS, plus précisément dans le module trois: ‘Limites et résistance’.
Les jeunes filles reçoivent une silhouette, ainsi que trois icônes (un phylactère, un œil et une main).
Elles reçoivent ensuite la consigne suivante: “Vous marchez dans la rue et un·e inconnu·e s’approche de vous. Quelles parties de votre corps cet·te inconnu·e peut-il·elle mentionner, regarder ou toucher ?”
Imaginons qu’une jeune fille estime qu’un·e inconnu·e croisé·e dans la rue peut regarder ses jambes, elle pose alors une paire d’yeux sur les jambes de la silhouette qu’elle a choisie.
Le phylactère correspond au verbe ‘mentionner’, la main au verbe ‘toucher’, et l’oeil au verbe ‘regarder’.
Les jeunes filles sont invitées à répondre aux différentes questions en apposant les icônes sur la silhouette choisie.
Et vous, comment répondriez-vous aux questions suivantes?
Vous marchez dans la rue et un·e inconnu·e s’approche de vous. Quelles parties de votre corps cet·te inconnu·e peut-il·elle mentionner ?
Quelles parties de votre corps votre meilleur.e ami·e peut-il·elle regarder ?
Quelles parties de votre corps votre prestataire de soins (kinésithérapeute, médecin, etc.) peut-il·elle toucher ?
Vous l’aurez peut-être compris, cet exercice vise à ouvrir le dialogue sur les limites qu’on pourrait poser par rapport à son corps. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s’agit ici de sensibiliser les jeunes filles à l’importance de poser des limites quand il s’agit de son propre corps. Les notions de « respect de soi » et d’ « intégrité » sont au cœur de cet exercice et aident les jeunes filles à identifier des situations qui ne sont pas OK.
Par ailleurs, elles constatent également que les limites de chacun sont différentes. Plus loin dans l’outil GPS, elles apprennent à exprimer leurs limites et à respecter celles des autres.